19 février 2012

Grève générale illimitée

Le temps est venu de prendre une décision, chers collègues étudiants. Le plancher de grève est atteint et les dates varient, mais les étudiants de partout au Québec tomberont en grève sous peu. Il est du devoir des membres de l'ASQ* de vous consulter à votre tour et de vous poser la question: désirez-vous que l'Association des étudiants et étudiantes de l'Université XYZ se joigne aux associations qui débrayeront leurs cours pour faire changer le gouvernement de décision? Ce qu'il faut savoir cependant, c'est qu'il n'est pas nécessaire de déclarer la grève générale illimitée afin d'appuyer le mouvement. Il est possible de ne voter que CERTAINES journées où les cours seront levées (les vendredis par exemple). C'est pourquoi nous vous proposerons certaines dates seulement lors de l'A.G. Si quelqu'un propose de voter pour la grève générale illimitée, nous en discuterons évidemment. Il y aura plénière afin que chacun puisse y donner son avis. Nous vous invitons à venir voter en grand nombre afin que l'ASQ soit représentée au mieux possible et que la décision soit également représentative de ce que la majorité en pense.**

Oui, je vais aller voter. Il faut faire la GGI afin de mettre toutes les chances de notre côté!

*Association Étudiante Quelconque
** Oui, ce communiqué à été modifié pour causes de confidentialité.

Rupture névrotique

Je ne comprends pas pourquoi je pense encore à toi. Après tout ce temps. Après un an et des poussières. Après bien d’autres fissures pratiquées à coup de ciseau sculpteur. Pourquoi c’est à toi que je songe? Peut-être est-ce les souvenirs qui affluent. Trop de lieux communs partagés. En si peu de temps. L’espoir de toute une vie peut-il se compresser en si peu de semaines? Nous nous étions promis mer et monde. Mais tout cela a été brisé, sans raison aucune. Sans partage de discussion sauf quelques mots hermétiques, épars. Trop peu nombreux. Je suis restée sur ma faim.

C’est la première fois de ma vie que j’ai autant de mal à oublier, à passer à autre chose. Enfin, plutôt laisser s’estomper ces bribes de toi. Il n’y a pas encore assez de brume dans mon esprit. Je vois encore trop clairement. J’aimerais être aveuglée, quelque temps, afin de passer à autre chose.

Mais je devrais déjà y être, à ce stade. J’ai vécu d’autres sentiments, partagés d’autres lieux communs. Embrassé bien d’autres sourires. Pourquoi le tien? Je n’en veux plus, de ça. Je ne tiens pas à être poursuivie par ton fantôme. J’en ai déjà bien d’autres à transporter. Je n’ai plus de place pour un boulet supplémentaire à ma cheville.

Il n’y a pas d’amour sans marques, dit-on. Il n’y a pas de blessures sans cicatrices.

Je trouve que la cicatrice se fait attendre. Elle est encore bien trop visible. J’aspire à une belle marque blanche et nette, à peine visible à côté des autres. Heureusement qu’il me reste encore de la peau...

Pourquoi je ne veux plus être journaliste


Un journaliste de l’époque décrit ses conditions de travail et de carrière
« Ainsi donc, le journalisme, c'est le reportage et le reportage c'est une profession fermée — par le haut seulement car on y entre avec la plus grande facilité (…) Un fait significatif, c'est qu'il n'y a dans les salles de rédaction que des hommes de vingt à quarante ans, et même peu dépassent les trente-cinq ans ». Les reporters quittent leur métier pour une autre activité ou, s'ils travaillent dans un journal partisan, pour devenir fonctionnaires. D'autres végètent. Héroux en connaît un qui est devenu concierge de son ancien journal. « Le fait brutal, c'est que les reporters s'évadent tous de la profession. Les exceptions sont tellement rares que c'est le cas de dire qu'elles confirment la règle. Et la raison de cet état de chose est très simple : ni la valeur professionnelle — commerciale plutôt — du reporter, ni son traitement ne suivent une progression parallèle à ses obligations ». La biographie d'un reporter suit un itinéraire connu. Un jeune homme sort du collège, plein d'ardeur. Il écrit facilement ; il devient reporter. Il atteint rapidement le traitement le plus élevé auquel il ait droit, « et celui-ci n'est pas très élevé ». Au départ, ses faibles émoluments ne l'inquiètent guère. Il vit seul, ne ressent guère le besoin d'économiser. Puis, il se marie ; les enfants naissent. Les besoins croissent ; mais son rendement et son traitement stagnent. Son métier exige plus d'endurance physique que d'étude. Or, désormais, « il lui répugne de passer la journée à courir par la ville et ses soirées hors de chez lui, il n'a plus la force de travailler deux ou trois jours presque sans désemparer. Bref, au point de vue du patron, il est inférieur à ce qu'il était cinq ou six ans plus tôt, à ce qu'est le quasi débutant qui se contente d'un salaire peu élevé ». Héroux conclut donc avec lucidité : « Le reportage est un métier de jeunes gens ; c'est une situation temporaire qui peut offrir certains avantages, mais qui ne constitue point une position stable et définitive (…) à l'heure actuelle, il faut le dire nettement, le journalisme n'est pas une carrière ».
Source : La Vérité, 19 août 1905.
Et c'est encore ainsi aujourd'hui, à peu de choses près. Davantage de femmes, mais un salaire tout aussi crève-la-faim (pour ceux qui ne sont pas demeurés à l'état de pigiste).

14 février 2012

Divine Infekt — Archives

Je ne sais pas si certainEs d'entre vous s'en souviendront, mais mon tout premier blogue (avant livejournal) s'appellait Divine Infekt. En fait, il était exactement à la même place que celui-ci. J'ai juste changé le nom. Mais je songe à le re-changer. Seul l'avenir me le dira. Mais bref, grâce à Lorazepam (et à Wayback Machine), j'en ai retrouvé la majeure partie. Que je suis en train de publier ici, avec les dates, les libellés et les titres d'origines. Ne vous étonnez donc pas de voir apparaître des archives remontant à 2008 alors que, techniquement, le revampage d'Automne Amer ne date que de fin 2011.

En fait, j'ai commencé à bloguer sur blogspot (Blogger) en mars 2007, mais Wayback Machine n'a pas tout retrouvé. Mais quand même! 2007, c'est l'année où j'allais au Collège François-Xavier-Garneau et où j'ai rencontré Lorazepam dans mon cours de Femmes et Littératures. Où on a échangé nos premières gnéseries.

30 janvier 2012

biopsie

J’ai salement peur que mon manque de peau me force à dire ou à faire des foutues conneries que je vais regretter par la suite. J’ai peur que ça soit une foutue dépendance invisible qui me force à agir de façon non coutumière. J’ai peur de faire peur. Je voudrais pourtant juste me faire cajoler, coller. Des trucs totalement épais et tellement, oh tellement banals que c’en est presque à pleurer. Je me fais honte. Je voudrais m’affranchir de ce «besoin» monstrueux qui me consume, tel un foutu abîme. Peut-être pas un abîme, mais parfois la sensation se réverbère de façon si creuse que j’ai l’impression que c’est aussi profond que la fosse des Mariannes.

Ce besoin ne peut-il pas, simplement, être enrayé? S’auto-mutiler et s’infliger un autodafé que nul ne regretterait? S’affranchir de toutes ces conventions sociales. S’en dévêtir comme d’un long manteau de cuir trop lourd et trop usé. Je voudrais être capable de m’auto-suffire, voilà. C’est tout ce dont je rêve. Ne pas avoir besoin de personne. Ne pas avoir l’impression de quémander la chaleur d’autrui et puis de se sentir dégueulasse par la suite, parce que ce qui se passe n’est jamais ce qu’on s’imagine.

Je me sens déplacée dans un monde trop bien rangé.

Je me sens comme un extraterrestre dans un monde d’humain lui courant après pour pratiquer une biopsie non autorisée. Ou alors.. pas la fuite, non.
Juste le sentiment d’extrême aliénation.