17 mars 2009

lorsque j'étais une oeuvre d'art...


Il y a moi. La toile. Puis ce putain de vide. Il y a la quête de la pureté où je me salis corps et âme. Pourtant, je crée. Je suis un artiste. Un vrai, un dur. Entendre par là une personne ne possédant autre diplôme que celui auto-inculqué, mourant de faim et vêtue de haillons. Un vrai disciple de la misère, quoi.
Elle semble apprécier le spectacle, assise là, ses genoux légèrement écartés laissant entrevoir ses cuisses dissimulées sous des bas résilles.
- Qu’est-ce que tu fous là?
- Je te regarde.
- Qu’est-ce que je fais?
- De l’art… j’imagine.
C’était ça, le problème. Vous créez et les gens croient que ce n’est rien du tout. Vous vous donnez corps et âme, des heures durant. Et les gens croient que ce n’est rien du tout. Ils regardent et jugent, sans connaître. Sans vouloir expérimenter eux-mêmes ce par quoi vous êtes passés. Sans désirer posséder le discernement qui leur permettrait de saisir l’ampleur de votre sentiment, votre vécu.
Le manque de volonté de certaines personnes dépasse ma compréhension, car il est vital de désirer afin d’être en mesure de posséder. Détenir la connaissance et interpréter.
- Tu me juges?
- Ça dépend ce que tu entends par ce verbe.
- Que tu te formes une opinion sur ma création. Une impression qui se révélerait probablement fausse.
- Si tu crées, c’est un risque à prendre. Si tu exposes au monde ton œuvre, l’aboutissement d’heures et de litres de sueur, tu dois être prêt à supporter le poids du jugement.
- Me faire toiser de haut, tu veux dire.
- L’ignorance ne paie jamais. Seuls ceux proche de toi, proche de ton monde ou encore en mesure de t’y rejoindre jugeront à sa juste valeur ton enfantement pictural.
- Tu as raison… D’autant plus que tu me connais : je suis de ceux qui croient fermement qu’aller au bout de quelque chose est gratifiant en bout de ligne, peu importe toute la médisance que l’on peut ramasser. Car au final, c’est nous qui sommes déclarés vainqueurs.
Était-ce vraiment cela, devenir artiste?
Suer sang et eau, se battre pendant des années pour que la conclusion de notre vie se transforme en victoire absolue, ou encore sombrer dans l’aliénation la plus totale?