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24 avril 2012

L'heure est venue, partie 1

L'heure est venue

«L’homme qui boit sera mon refuge, car il n’y a ni paradis ni enfer pour me recevoir. Je me terre en lui dans son cœur noir. Dorénavant, nous serons deux.»
— Patrick Brisebois, Trépanés

Il est tard. J’ai le goût de boire. Boire pour en finir. Pour me finir. Pour oublier. Surtout tout ça. Il en devient difficile lorsqu’on a le sang trop épais. Alors il faut l’éclaircir. L’éclaircir pour surtout ne pas s’évanouir. Devant l’horreur. Devant ses peurs. Mots de verre. J’ai une propension à réfléchir un peu trop; à m’imaginer devant tant et tant de scénarios que je n’arrive plus à voir réellement l’ennemi qui se lève devant moi. J’ai peur de tous ces mots qui me hantent.

C’est probablement pour ça que je les refoule. Si bien. Tant bien que mal. Mes histoires de cœur éparpillées sur le plancher. Vite, vite que je les ramasse. Avant que quelqu’un trébuche dessus et se blesse. Je ne comprends pas pourquoi il faut absolument partager son soi présent afin d’être heureux; si on n’arrive pas à se comprendre soi-même, à quoi rime cette fallacieuse comédie? Pourquoi donner autant d’importance à l’attachement, à l’affection alors que rien ne dure. Quelques mois, quelques années et puis tout brûlera. Autant brûler mon cœur noir tout de suite; au moins je sais à quel type de douleur m’attendre.

La bouteille est presque vide, mais mon pouls, lui, est encore perceptible. J’ai oublié où j’ai rangé le bois afin de brûler les restes de toi. Je ne comprends pas pourquoi l’odeur de ta peau reste collée à la mienne. Pourtant, tu as tout fait sauter.

Je sais bien que ce n’est que blasphèmes et mots murmurés au vent.

Jamais plus il ne me portera tes mots. Et c’est bien ainsi. C’est bien que j’ai oublié la saveur de tes reins. Je porte encore la marque de ton poing. J’ai hâte qu’elle s’amenuise; ce n’est pas le souvenir que je veux garder de toi.

J’en veux aucun. Je ne réclame pas ma part du gâteau. Je suis diabétique, de toute façon.
Je bois une dernière gorgée qui me brûle l’œsophage. J’aime quand c’est tangible. La bouteille me glisse des mains et s’échoue sur les lames du parquet.

J’ai perdue ma muse et les mains m’en tremblent. Je ne me souviens plus. Tous ces mots. J’aimerais juste continuer à fixer la statique sur l’écran comme n’importe quel des damnés errant sur la terre. Mais je ne pourrais jamais empêcher mon cerveau de penser. À tout du moins le ralentir à coups de litres d’alcool. Ça, c’est facile. L’estomac plein de houblon et la tête vide de toute pensée.

30 janvier 2012

biopsie

J’ai salement peur que mon manque de peau me force à dire ou à faire des foutues conneries que je vais regretter par la suite. J’ai peur que ça soit une foutue dépendance invisible qui me force à agir de façon non coutumière. J’ai peur de faire peur. Je voudrais pourtant juste me faire cajoler, coller. Des trucs totalement épais et tellement, oh tellement banals que c’en est presque à pleurer. Je me fais honte. Je voudrais m’affranchir de ce «besoin» monstrueux qui me consume, tel un foutu abîme. Peut-être pas un abîme, mais parfois la sensation se réverbère de façon si creuse que j’ai l’impression que c’est aussi profond que la fosse des Mariannes.

Ce besoin ne peut-il pas, simplement, être enrayé? S’auto-mutiler et s’infliger un autodafé que nul ne regretterait? S’affranchir de toutes ces conventions sociales. S’en dévêtir comme d’un long manteau de cuir trop lourd et trop usé. Je voudrais être capable de m’auto-suffire, voilà. C’est tout ce dont je rêve. Ne pas avoir besoin de personne. Ne pas avoir l’impression de quémander la chaleur d’autrui et puis de se sentir dégueulasse par la suite, parce que ce qui se passe n’est jamais ce qu’on s’imagine.

Je me sens déplacée dans un monde trop bien rangé.

Je me sens comme un extraterrestre dans un monde d’humain lui courant après pour pratiquer une biopsie non autorisée. Ou alors.. pas la fuite, non.
Juste le sentiment d’extrême aliénation.